L’application Akha a suscité une vive controverse avant sa suppression par les autorités. Conçue pour permettre aux usagers des transports en commun de signaler en temps réel la position des contrôleurs, elle avait gagné en popularité avec plus de 130 000 utilisateurs actifs et jusqu’à 350 000 téléchargements revendiqués par son créateur. Inspirée du mot arabe « attention », également utilisé dans les trafics pour signaler l’arrivée des forces de l’ordre, Akha s’est rapidement imposée comme un outil central pour les fraudeurs et potentiellement les malfaiteurs.
Cependant, cette popularité a également mis en lumière les risques pour la sécurité des agents de contrôle. Les signalements exposaient leur localisation, augmentant les risques d’embuscades, d’agressions et de provocations.
Un créateur sous le feu des lois
L’arrestation du créateur de l’application, un ingénieur de 26 ans basé dans les Yvelines, a marqué une étape importante dans cette affaire. Placé en garde à vue par la Brigade de lutte contre la cybercriminalité, il a rapidement reconnu que l’objectif principal d’Akha était de signaler les contrôleurs. Selon les enquêteurs, le développeur n’a appliqué aucune modération sur les contenus publiés, laissant libre cours aux insultes et menaces envers les agents de contrôle.
La législation en vigueur, notamment la loi Savary de 2016, interdit strictement la diffusion d’informations concernant la position des contrôleurs ou des forces de sécurité dans les transports publics. Cette infraction expose le créateur d’Akha à deux mois de prison et une amende de 3 750 euros.
Le retour ferme de Valérie Pécresse
Face à cette affaire, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et d’Île-de-France Mobilités, n’a pas tardé à réagir. Dès l’annonce de l’arrestation, elle a salué l’efficacité des forces de l’ordre, déclarant :
Merci à la police pour sa réactivité dans l’interpellation du créateur de l’application « Akha », et la fermeture du site. Mettre en danger les contrôleurs et les forces de sécurité du réseau de transport, et, ce faisant, faciliter la fraude et tous les trafics, c’est un délit, et… https://t.co/ZPWmZWGADB
— Valérie Pécresse (@vpecresse) January 24, 2025
Valérie Pécresse a également souligné l’impact de telles applications sur les réseaux de transport. Selon elle, Akha ne se limitait pas à aider les fraudeurs, mais facilitait également les activités criminelles, comme les trafics ou les délits commis dans les rames. Par ailleurs, elle a rappelé l’importance de renforcer les moyens pour lutter contre la fraude, qui coûte des millions d’euros chaque année aux collectivités.
Une technologie utilisée à des fins illégales
L’affaire Akha met en lumière les défis croissants posés par les outils numériques lorsqu’ils sont détournés à des fins illégales. Si la technologie peut être un atout pour améliorer la mobilité et l’efficacité des transports en commun, elle peut également devenir une arme dangereuse entre de mauvaises mains.
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Les autorités ont rapidement réagi en fermant non seulement l’application, mais également son site internet, qui affiche désormais un message de la Police judiciaire. Ce dernier indique que les données saisies par les utilisateurs d’Akha feront l’objet d’une enquête pour les identifier. Cette mesure vise à dissuader toute tentative future de reproduire ce type de plateforme.
Une fraude au coût social et économique important
La fraude dans les transports publics représente un véritable fléau pour la région Île-de-France. Chaque année, des millions d’euros sont perdus à cause des resquilleurs. Au-delà de l’impact économique, la fraude fragilise également la relation entre les usagers et les agents de contrôle, souvent exposés à des violences verbales ou physiques.
Pour contrer ce phénomène, Île-de-France Mobilités déploie des outils comme des équipes mobiles renforcées et des dispositifs technologiques avancés. La fermeture d’Akha marque un précédent important dans la lutte contre ces nouvelles formes de délinquance, montrant que les autorités sont prêtes à agir rapidement et fermement.